Épilogue : Blanc-Sablon – Rimouski par voie maritime
Je n’allais tout de même pas vous abandonner
comme ça !
Petit bonus pour vous : laissez-moi vous raconter notre retour
vers Rimouski par la mer, avec le bateau-ravitailleur Bella-Desgagnés.
Pour ceux qui l’ignorent, on peut gagner Blanc-Sablon par la mer depuis
Rimouski et Sept-Îles, en s’arrêtant en chemin dans la plupart des petits
villages de la Basse Côte-Nord qui ne sont pas reliés par la route. C’est un
traversier qui assure cette desserte magnifique dans l’estuaire et le golfe du
majestueux Saint-Laurent. Comme pour le ferry entre Happy Valley – Goose Bay et
Nain, on pouvait louer des cabines à bord et profiter des arrêts pour visiter
des villages autrement assez difficiles d’accès. Marie-Pascale avait déjà fait
cette épopée il y a trois ans et avait vraiment adoré son expérience. On devait
de toute façon revenir vers Québec et Montréal et on avait le temps :
pourquoi ne pas longer la côte nous aussi ?
Après 4 jours à Blanc-Sablon suite à notre retour du Labrador, on s’est
donc embarqués au quai du village pour un 3 jours de navigation vers Rimouski.
On a d’abord été confrontés à la réception du navire par un employé visiblement
dépassé par les événements. « Tout va vite ce matin ! » nous
a-t-il répondu, l’air hagard, en tentant visiblement d’éteindre des feux. On
s’est dit avec un sourire que ça devait être ponctuel mais non, il avait tout
le temps l’air stressé comme ça, sans qu’on comprenne vraiment pourquoi ! En
ce qui nous concerne, on était plutôt zen. Voici donc quelques observations sur
la vie à bord et les escales !
·
La qualité des installations et la bouffe.
S’il y a une chose qu’on remarque dès qu’on monte à bord du Bella-Desgagnés,
c’est qu’on n’a pas affaire à un traversier ordinaire. Bien que son but premier
demeure de transporter du cargo, le bateau a néanmoins vraiment été pensé pour
accommoder les visiteurs. Les touristes ont accès à 6 ponts, à l’intérieur
comme à l’extérieur, où se trouvent plusieurs salles avec des sièges
confortables, une cafétéria, une salle à manger, un bar et même des arcades (!)
et un chenil (!!). Les cabines sont propres et bien aménagées, et comportent
toutes un hublot. Et la bouffe ! On avait pris un forfait incluant tous les
repas à la salle à manger. Fruits de mer, grillades, desserts, les mets sont
délicieux, abondants et raffinés. Ils sont bien sûr préparés sur place par un
chef. Un plaisir ! Un soir, Marie-Pascale a même dû se battre avec un
énorme homard ! Je l’ai aidé jusqu’à ce je lui envoie du jus de crustacé
dans l’œil en tenant d’ouvrir une patte, moment où j’ai cru comprendre que mon
appui n’était plus requis ni apprécié. Les serveurs étaient aussi fort
sympathiques, en particulier l’un d’eux qui nous a adopté pour pratiquement les
9 repas qu’on a pris au resto ! Bref, rien à voir avec le Kamutik W sur la
côte du Labrador ! Même les plats de la cafétéria, où on a mangé pour
notre dernier diner, avaient plus de gueule que ce qu’on pouvait trouver côté
newfie (salade de crevette et de crabe comme plat du jour !). Il n’y a pas
à dire, c’est l’un de ces moments où l’on réalise qu’il existe des différences
entre la culture québécoise et celle du RoC…
·
Les gens. Pour qui cherche une belle croisière
à faire au Québec dans un endroit original, un séjour sur le Bella-Desgagnés
est tout désigné. Et c’est visiblement très populaire, notamment auprès des
retraités si on se fie à l’âge des gens qui nous entouraient. Encore une fois,
on faisait pas mal descendre la moyenne d’âge ! Cela dit, il y avait aussi
du monde de notre génération sur le bateau. Notamment trois cyclistes avec qui
on a jasé à plusieurs reprises. L’une d’entre eux, une professeure de français,
venait de traverser Terre-Neuve et redescendait à Havre-Saint-Pierre pour la
suite de son voyage. L’autre, un sympathique prof de maths un poil plus
extrême, était parti de Baie-Comeau et s’était rendu jusqu’à Blanc-Sablon via
Fermont, Goose Bay et la route du Labrador ! On salue son courage et sa
résilience face aux mouches ! Enfin, le dernier venait de faire
Montréal-Natashquan, ce qui n’est pas rien non plus. Autrement, le bateau
hébergeait aussi des Nord-Côtiers et des Innus se déplaçant d’un village à
l’autre, quelques petites familles en voyage ainsi que des équipes de soutien
comme ces jeunes ingénieurs de Québec qui allaient remplacer des conduites
d’eau à La Romaine.
·
St-Augustin. Premier arrêt à partir de
Blanc-Sablon, le village est néanmoins situé trop loin du quai pour qu’on
puisse l’atteindre dans les temps impartis. Mais c’est au final plutôt
secondaire, car c’est l’arrivée au port qui est spectaculaire ici. On navigue
en effet à travers un chapelet d’îles, dans d’étroits rigolets (le mot français
pour « tickle »). Bien impressionnant ! On a eu l’occasion de
marcher un peu avec les mouches noires, de croiser quelques Innus de la
communauté voisine de Pakua Shipi et de bénéficier d’un beau point de vue sur
la baie à partir d’un piton rocheux. En quittant, avant de replonger dans la
brume, quelques dauphins sont venus saluer le bateau. En termes d’adieux, c’est
dur à battre !
·
Les cétacés. Parlant de baleines, on a été
(copieusement) servis, en particulier alors qu’on appareillait entre Havre
St-Pierre et l’île d’Anticosti. On visitait alors la timonerie (le poste de
pilotage du navire) en groupe avec un guide. On voguait sur une mer d’huile et
il faisait un temps magnifique. Malheureusement pour l’officière qui nous
expliquait les tenants et aboutissants de la navigation, ce sont les dauphins,
marsouins et autres rorquals qui lui ont complètement volé le show ! Il y
avait des groupes de cétacés partout où on regardait, c’était complètement
incroyable. Je n’avais encore jamais vu de dauphins dans le fleuve (je ne
savais même pas qu’il y en avait avant d’aller à Blanc-Sablon) mais là, il
aurait fallu être aveugle pour ne pas les voir. Cependant, l’apothéose est
survenue quand un petit rorqual (qui mesure quand même 10 mètres de long) a
croisé la route du bateau et a plongé au dernier moment sous la coque de celui-ci.
De notre nid d’aigle, on a alors vu toute la baleine s’enfoncer dans l’eau
limpide, de la tête à la pointe de la queue ! Wow ! Après ça,
Tadoussac, c’est de la petite bière !
·
Harrington Harbour. Tout le monde connaît ce
village archi-célèbre depuis la sortie du film La grande séduction en 2002.
Malgré l’heure matinale où on y abordait (6h15 AM), je tenais donc mordicus à y
mettre les pieds ! Le petit hameau était malheureusement plongé dans le
brouillard lors de notre passage, mais ça ne nous a pas empêchés de nous
balader le long des fameux trottoirs de bois. On n’y a pas trouvé de billets de
20$ par contre ! En tout cas c’est vraiment un endroit mignon qui fait
beaucoup penser aux villages de pêcheurs terre-neuviens. On a aussi pris le
temps de visiter le dispensaire, au grand plaisir de Marie-Pascale. Tout juste
avant de rembarquer, un pêcheur débarquait ses prises toutes fraîches de
homard. « Oh les beaux homards ! » a dit une touriste âgée devant
nous. « Ils pèsent combien ? Une livre ? 2 livres ? » « Yeah »
a simplement répondu le pêcheur unilingue anglophone (Harrington Harbour est un
village anglais), qui n’avait sans doute rien compris à ce que la dame
racontait. Haha !
·
L’héroïne du Bella-Desgagnés. Je vous ai
glissé un mot plus tôt au sujet de la conférence que Marie-Pascale préparait en
vue d’un congrès qui aura bientôt lieu aux Escoumins. Elle y présentera la
médecine de dispensaire sur la Basse-Côte-Nord devant un parterre de médecins,
et ça la stresse un peu. Pour se pratiquer, elle avait pensé à proposer au
personnel du Bella-Desgagnés qu’elle puisse en présenter une version vulgarisée
aux passagers du bateau (en effet, il y a périodiquement des conférences
organisées sur le navire touchant des thèmes locaux, comme les baleines par
exemple). Ils ont évidemment sauté sur l’occasion et, au matin de notre 2e
jour sur le bateau, c’est un public attentif d’une cinquantaine de personnes
qui écoutait Dre Harbec raconter ses péripéties professionnelles dans le Far
East ! Ce qui devait durer au départ 20-30 minutes en a duré le double en
raison des très nombreuses questions. En tout cas c’était très intéressant (je
ne suis pas du tout biaisé) et j’étais pas mal fier d’elle ! Cela dit,
c’est le 3e jour que Marie-Pascale a réalisé son plus important fait
d’armes. Alors qu’on se baladait dans le village lors de notre escale à
Anticosti, quelqu’un est venu trouver « la docteure » pour lui dire
qu’une grand-maman avait trébuché et s’était ouvert le front en tombant par
terre. Mémé a donc été réquisitionnée pour aller évaluer la situation, ce qui a
notamment nécessité une visite en ambulance au dispensaire de
Port-Menier ! Elle a ensuite fait des points à la pauvre dame sur le
bateau avec les moyens du bord. En tout cas la femme a été bien soignée et Dre
Harbec a même pris soin de lui changer son pansement le lendemain. Inutile de
dire que la nouvelle a eu tôt fait de faire le tour du bateau, auréolant de
gloire l’héroïne du jour ! Bravo ! Il n’y a décidément pas de
vacances pour les médecins, où qu’ils aillent !
·
La Romaine. Comme vous le savez peut-être,
c’est ce village qui est attitré à Marie-Pascale. Elle s’y rend environ une
semaine par mois depuis Blanc-Sablon pour y travailler au dispensaire. Bien
qu’elle m’ait dit de ne pas m’attendre à grand-chose, avec le temps radieux,
les fleurs en bord de route et le joli paysage, j’ai personnellement trouvé que
c’était un assez beau village. On a d’abord exploré La Romaine en tant que tel
avant de traverser à la réserve innue d’Unamen Shipu. C’est un peu moins bien tenu
et il y a pas mal plus de chiens errants (à mon grand plaisir), mais rien à
voir avec l’état de certains villages du Nord du Labrador. On a fait un petit
saut au centre d’interprétation où Marie-Pascale a rencontré un patient qu’elle
connaissait, puis on a visité l’église Marie-Reine-des-Indiens. C’est un bel
exemple de syncrétisme : l’autel est fait de bois noueux, et le tabernacle
est en fait un tipi ! Le lieu de culte est par ailleurs orné de différents
objets reliés au monde amérindien : canot, cabanes en bois, peintures… Ça
m’a fait penser à certaines églises en Chine, dont l’architecture rappelle
davantage un temple bouddhiste qu’une cathédrale ! Évidemment, on a
terminé la visite par un tour au dispensaire où Marie-Pascale a salué les
infirmières. Rendus là par contre, on était un peu serrés pour revenir au
bateau. Alors qu’on marchait dans le village innu d’un bon pas, on a croisé un
pick-up conduit par une bonne connaissance de Marie-Pascale : Albert, le
concierge innu du dispensaire et le prof d’innu personnel de Mémé ! On
s’est entassés à l’arrière du camion tandis que le toujours jovial Albert nous
jasait ça dans son français chantant. Il nous a laissé tout juste à côté de la
tente où les Innus vendaient quelques artefacts, ce qui nous a permis d’y faire
un tour. Merci Albert ! Une belle escale !
·
Kegaska. C’est en début de soirée qu’on a
accosté dans la petite baie de ce minuscule village, dernière parcelle de
civilisation reliée au reste du Québec par la route. La fin de la mythique 138,
c’est ici ! On a débarqués sous un soleil couchant qui rendait chaque anse
photogénique. Évidemment, on a pris les clichés obligés avec le panneau
indiquant la fin de la route ! On l’a fait vite par contre, parce qu’on
était assaillis par les maringouins dès qu’on cessait un seul instant de
bouger… Dans les dernières lueurs du jour, on s’est rendus au site de l’épave
du Brion, un cargo échoué dans les années 1970 sur l’île de Kegaska. Ça a été
notre dernier boardwalk du voyage, et notre adieu officiel à la Basse-Côte-Nord !
·
Le beau capitaine. Quand Marie-Pascale et sa
mère avaient voyagé sur le Bella-Desgagnés il y a 3 ans, toutes les passagères
n’avaient apparemment d’yeux que pour « le beau capitaine ». Malheureusement,
celui-ci était en congé de paternité lors de notre séjour. Celui qui le
remplaçait était un Acadien du Cap-Breton à l’accent impénétrable (le
« crâbe » et « l’Anticôste »). Il est venu faire une
conférence en soirée sur son travail sur le navire et ce fut bien
mémorable ! Disons simplement que c’est le genre de gars qui sollicite
davantage ses muscles qu’autre chose. Imaginez une interview avec un joueur de
hockey : c’était à peu près ça ! Réponses un peu abruptes mâtinées
d’expressions un peu techniques ont ainsi marqué la demi-heure de conférence.
Cela dit, c’était vraiment intéressant ! Le palmarès de la meilleure
question de la soirée revient quand même à une coquine passagère d’un certain
âge : « Je ne suis pas certaine que vous l’ayez mentionné : quel
est votre nom ? ». Haha !
·
Havre St-Pierre. En ouvrant les rideaux tôt ce
matin-là, c’était les îles de Mingan qui se découvraient à nous alors qu’on
faisait escale à Havre St-Pierre. Quelques volutes de fumée achevaient de se
dissiper sur la mer sous un soleil superbe qui réchauffait le matin. On a
consacré notre étape dans ce gros village, capitale de la Minganie, à marcher
le long du port et de la promenade en bord de mer. Marie-Pascale a eu tout le
long les yeux dans la graisse de bine lors de notre balade de santé,
contrairement au sportif capitaine qui faisait son jogging pour débuter en lion
cette magnifique journée. Un beau contraste haha !
·
Voyager avec des personnes âgées. On vous l’a
dit, la grande majorité des passagers sur le bateau avait leur carte de l’âge
d’or. Comme on ne voyage pas tous les jours avec des grand-parents, ça nous a
permis d’assister à des scènes amusantes. Comme quand, par exemple, l’un des
employés du bateau nous a avisé tandis qu’on soupait qu’on arriverait en avance
le lendemain à Rimouski. Conséquemment, il faudrait libérer les chambres 30
minutes avant l’heure prévue, soit à 9h plutôt que 9h30. « Neuf
heures !!?! » s’est écriée une dame, scandalisée. « Mais il faut
qu’on ait le temps de se brosser les dents ! » a renchéri sa voisine,
qui devait mesurer un solide 2 pieds 4 (plus tôt, elle avait d’ailleurs pris
appui sur Mémé pour monter sur un banc, sur le pont extérieur, afin de voir
autre chose que la rambarde). Et pour bien illustrer son propos, elle a
entrepris de mimer un brossage de dents face à un employé visiblement un peu
déstabilisé ! À un autre moment, alors qu’on descendait l’escalier, un bruit
sourd s’est fait entendre. « Y doit y avoir quelqu’un qui a échappé son
dentier » s’est esclaffée une vieille dame, déclenchant l’hilarité
générale pendant un temps record pour cette excellente blague. Sinon, un vieux
monsieur a approché Marie-Pascale avec cette pick-up line de la mort :
« Tes parents m’ont probablement déjà acheté des citrouilles ! »
Euhh… Il se trouve qu’il avait entendu entre les branches que Mémé venait de
Ste-Thérèse : de son côté, il vendait des citrouilles à l’Halloween à
Blainville ! Le même homme, décidément charmeur, a voulu complimenter une
serveuse par un mot d’esprit. Ayant appris qu’elle venait de La Tabatière, il a
lancé, plutôt fort : « Elle, est vient d’une place pô lette, pis est
pô lette non plus ! » Enfin, que dire de cette gentille dame qui m’a
demandé si je mangeais beaucoup de riz en Chine. Le genre de question dont on
connaît déjà la réponse, genre : est-ce que c’est mouillé, quand il
pleut ? Cela dit, ils étaient tous adorables et on a vraiment aimé les
côtoyer et discuter avec eux !
·
Port-Menier. En plein milieu de notre
troisième journée, le bateau faisait une escale bien attendue sur la
mystérieuse île qui orne l’entrée du St-Laurent : Anticosti. Si tous les
Québécois connaissent cette grande étendue de terre qui émerge du fleuve, bien
peu l’ont en revanche visitée en raison de sa difficulté d’accès. On faisait
désormais partie de ces quelques privilégiés ! Le seul village de l’île,
Port-Menier, a une histoire bien singulière. Anticosti est totalement entourée
d’une longue plateforme littorale qui émerge à marée basse. Cauchemar des
navigateurs et lieu de multiples naufrages, cette caractéristique géologique
explique notamment le peuplement tardif de l’île. Ce n’est qu’en 1895 que les
choses changent. Henri Menier, un fortuné chocolatier français un peu
mégalomane sur les bords, acquiert alors l’île. Il y crée ensuite un village de
toutes pièces et y construit une très longue jetée (à l’époque la plus longue
en Amérique du Nord) où on accoste
toujours aujourd’hui. Menier fait drainer un lac, creuse un canal, sème du foin
pour les animaux de ferme, construit des maisons pour son personnel et fait
finalement bâtir un somptueux manoir en bordure de mer qu’il occupe l’été venu.
Le petit village de Port-Menier vit alors en totale autarcie : on y pêche,
on y chasse, on y récolte les légumes, le tout au bénéfice de la famille
Menier. Cette époque prendra fin dans les années 1930 avec le décès d’Henri
Menier. Son successeur n’est plus aussi intéressé à reprendre le domaine et
l’abandonne peu à peu. Dans les années 1950, le « château » sera
malheureusement brûlé et le territoire d’Anticosti sera concédé à des
forestières. Aujourd’hui, Anticosti vit toujours de la forêt, qu’il s’agisse de
la coupe de bois, du tourisme de chasse et de pêche, ou des activités de
villégiature générées par la création d’un nouveau parc national québécois. À
Port-Menier, il reste de l’époque glorieuse des débuts une rue en bord de mer,
le chemin du Cap-Blanc, où s’alignent des maisons à l’allure étonnante.
Inspirées des chalets alpins, ces jolies demeures à l’architecture unique au
Québec hébergeaient à l’époque le personnel d’Henri Menier. Mal adaptées au rude
climat, elles ont été « québécisées » par l’ajout de tambours aux
portes d’entrées ! Ce qui marque le plus les esprits à Port-Menier par
contre, ce sont les chevreuils ! C’est un autre héritage de l’époque
Menier, qui les a importé sur Anticosti pour la chasse. Sans prédateurs, les
cerfs se sont multipliés et il y en a maintenant partout, y compris dans le
village ! Et ils ne sont pas farouches : ils se laissent approcher
volontiers et n’hésitent pas non plus à aller voir les humains, au cas où on
aurait un peu de nourriture à leur donner ! Ça me faisait penser à une
version québécoise de Nara, au Japon, en un peu moins intense par contre !
Outre les chevreuils, le village était aussi envahi par de nombreuses
bernaches. Décidément, à Port-Menier, la nature est DANS le village ! J’ai
aussi profité de mon court passage pour visiter le petit centre
d’interprétation situé dans l’église au look un peu funky. La guide bien
gentille parlait malheureusement peu anglais. À une touriste anglophone qui lui
demandait si l’église était encore utilisée pour les célébrations religieuses,
elle a eu cette réponse amusante : « Yes, de l’autre côté, there’s
another door, les gens, they can entrer dans l’église, and utiliser cette
partie-là for the celebrations ». Soulignons enfin que j’étais seul pour
presque toute la visite du village parce qu’on se souvient que Marie-Pascale
était monopolisée par ses obligations de bonne samaritaine auprès de
l’infortunée borgne du bateau ! Quoi qu’il en soit, on vous le dit comme
ça mais on pense bien revenir à Anticosti, dont on n’a effleurée qu’une toute
petite fraction du territoire !
·
Rimouski. Notre périple s’est achevé dans la
capitale du Bas-St-Laurent, port d’attache du Bella-Desgagnés. On a dit au
revoir à tout le monde et on a quitté le navire pour se plonger dans la jungle
urbaine rimouskoise (c’est quand même la plus grosse ville qu’on ait vue en 3
semaines !) Un gentil couple de retraités nous a fait un lift vers la gare
d’autobus. On serait bien montés avec eux jusqu’à Québec (ils nous l’avaient
offert) mais nos billets de bus étaient non-transférables… Merci quand
même ! Comme on avait quelques heures devant nous et qu’on n’est pas
souvent dans le coin, on en a profité pour visiter la ville à pied. Ce qui est
sympathique ici, c’est la longue promenade en bord de mer en plein centre-ville,
d’où on a une belle vue sur la longue île St-Barnabé qui crée le havre abrité
qu’est Rimouski. On a aussi poussé le long de la rivière Rimouski, dont les
deux rives offrent des sentiers urbains où il est agréable de marcher. Jamais
contente, Marie-Pascale disait préférer les forêts de conifères nains aux beaux
bois de feuillus que nous traversions… On est revenus via le dynamique
centre-ville, flotteur en main (c’est l’été, et il fait chaud ici !), tout
juste à temps pour notre bus vers Québec. C’était au tour de Mémé de rire de
moi : mon mélange de saveur lime-orange avait donné une slush brunâtre à
l’aspect peu appétissant (mais au goût délicieux)! À la gare, on a salué deux
des cyclistes du bateau qui revenaient vers Montréal, leur périple (comme le
nôtre) étant terminé. Et on a lentement remonté le fleuve jusqu’à Québec en
admirant les paysages pastoraux du Bas St-Laurent au soleil couchant.
Et voilà, rideau ! Il n’y aura pas de rappel cette fois :
merci encore de nous avoir lus ! J
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