On the road again


Hello ! C’est encore François, à votre plus grand étonnement !

Vous vous souvenez que, la veille de notre départ sur le traversier vers Nain, on avait mangé à l’incomparable Mariner’s Galley. Eh bien, lors de notre passage, j’y avais remarqué que, la fin de semaine, il y avait un BUFFET DÉJEUNER. Sachant que c’est l’une des choses que j’aime le plus dans la vie, j’avais gossé Marie-Pascale pour qu’on y aille à notre retour, qui tombait un samedi. C’était ben d’adonc ! Évidemment, on se devait donc de s’y rendre !

Surtout, on y avait convié la famille d’Allemands, qui logeait à l’hôtel North attenant audit restaurant ! On s’était ennuyés, après 12h sans les voir ! Le buffet fut à la hauteur de mes attentes, avec quelques ajouts particuliers. Genre de la mie de pain frite. « Oh, c’est une spécialité terre-neuvienne, c’est très bon ! » m’ont dit deux clients en salivant goulûment. Ouin, c’était OK, mais pas de la grande cuisine disons haha ! On a aussi revu les archéologues français. Pas d’avion aujourd’hui, ils devraient partir demain… Décidément ! On espère qu’à l’heure qu’il est, ils sont bel et bien de retour sur le Vieux Continent !

Après ce sympathique déjeuner, on a bien dû dire au revoir aux Allemands, qui s’en allaient vers Labrador City (7h de route de bois) avant d’éventuellement regagner la métropole. De notre côté, on allait en sens inverse, vers Port Hope Simpson et ultimement Blanc-Sablon le lendemain. En tout cas, on a été très contents de les avoir rencontrés lors de notre croisière nordique ! Au plaisir de vous recroiser à Montréal !

Il faisait beau ce matin-là (incroyable) alors on en a profité immédiatement avant que le temps ne change (on commence à te connaître, Labrador). Direction le petit centre de ski de fond situé à mi-chemin entre Happy Valley – Goose Bay et North West River ! Malgré une carte des sentiers de marche un peu difficile à suivre et quelques nuages de mouches noires dans les sections abritées, ce fut une randonnée très agréable, qui culminait par un magnifique point de vue à 360 degrés au sommet d’une montagne dénudée. Incrédules, on a réalisé qu’on suait dans cet étouffant 20 degrés, sous un soleil inhabituellement chaud ! (ce voyage va m’avoir ramolli côté tolérance à la chaleur : je vais me liquéfier en revenant dans les 40 degrés estivaux de Shanghai !) Au cours de cette plaisante balade, on a aussi surpris une famille de perdrix pas dérangée le moindre du monde par notre présence. Pas sûr que ces animaux voient beaucoup de monde dans le coin !

De retour downtown Happy Goose, on a suivi les recommandations de notre serveuse philippine du premier soir et on est allés s’oxygéner un peu dans le parc de Birch Island. D’agréables passerelles de bois toutes neuves nous emmenaient dans les méandres du fleuve Churchill et dans les marais des alentours, en parcourant de belles forêts d’épinettes et de bouleaux. De paisibles plages de sable blond s’étiraient paresseusement çà et là : avec le soleil, si on avait eu notre maillot, une saucette se serait (presque) imposée. Tout ça pour dire qu’on a bien apprécié cette facile et jolie randonnée. Décidément, à défaut d’avoir du charme en soit, Happy Goose n’est pas un méchant endroit pour habiter au Labrador ! Si on aime la nature, s’entend (ça et l’isolement)!

Une bouchée au Subway, quelques achats au supermarché et une averse torrentielle plus tard (je vous avais bien dit que le beau temps ne durerait pas !), on était fins prêts à ré-affronter la longue route vers le Sud du Labrador. Marie-Pascale a conduit un temps record d’une heure ( !) avant de cogner des clous et que je ne la remplace pour les prochains 5h30. Heureusement pour nous, la niveleuse était passée sur le 80 km de route en travaux, comblant les désagréables nids de poule qui avaient tant éprouvé notre bolide à l’aller. Notre trajet s’est fait sans problème aucun sur cette route toujours aussi belle, même si on n’avait pas de téléphone satellite cette fois (ils étaient tous déjà pris !) Par contre, on a fait une rencontre mémorable avec un ours noir ! Le gros animal pataud a traversé la route à une vingtaine de mètres de la voiture et s’est en allé, clopin-clopant, dans la toundra (Mémé, je te dédie cette phrase). C’était la première fois à tous les deux qu’on voyait un ours ! Enfin, j’en avais entraperçu un dans Charlevoix quand j’étais adolescent, mais il avait si vite traversé la route qu’on ne l’avait presque pas vu. Là, c’était autre chose ! Dans le confort (et la sécurité) de notre auto, on a pu l’observer pendant un bon 5 minutes, fascinés. Il s’est mis sur ses pattes de derrière et, au grand plaisir de Marie-Pascale qui fondait de bonheur, a aussi entrepris de se gratter le dos en se frottant à une épinette rabougrie. Pour compléter notre portrait animalier de la journée, on a aussi vu un renard roux et une autre famille de perdrix (décidément, ils s’étaient passés le mot cette journée-là)!

Moins heureuses étaient nos rencontres fortuites avec les libellules, particulièrement nombreuses au crépuscule sur cette route perdue. En tout cas, c’est surtout elles qui pâtissaient de notre présence. Périodiquement, on les entendait percuter notre pare-brise avec un bruit sec… Désolé, on ne faisait pas exprès !! On avait beaucoup moins d’empathie pour les mouches noires, qui, elles, s’abattaient avec une régularité impressionnante sur la vitre, ce qui créait un bruit qui ressemblait à s’y méprendre à de la pluie. Miam miam ! C’est vous dire comment cet environnement est riche en bibittes !

En passant, on vous a parlé des cométiques ? C’est un truc emblématique au Labrador et en Basse Côte-Nord. Il s’agit en gros d’un traineau en bois sur deux skis aussi faits de bois, qu’on tirait auparavant avec des chiens et maintenant avec des motoneiges. Avec un nom comme ça, vous aurez compris que c’est un emprunt à la culture inuit (kometik). Ces remorques maison sont particulièrement bien adaptées pour le transport dans un rude climat tel que celui-ci. Tout ça pour dire qu’on en voit un peu partout, semi-abandonnés près des entrées de chemins forestiers. L’hiver reviendra bien assez vite : dans à peine deux mois, il sera presque temps de les utiliser à nouveau…

Il était passé 22h et il faisait nuit noire quand on a enfin émergé de la forêt pour aboutir au tout petit village de Port Hope Simpson, de l’autre côté du pont qui traverse la belle rivière Alexis. Peu convaincus par l’hôtel Alexis à l’aller, on avait décidé d’aller vers son principal (et unique) concurrent : Campbell’s Bed and Breakfast. On avait d’ailleurs réservé par téléphone dans la journée. À ma surprise, c’est un employé avec un fort accent indien qui m’avait répondu. Pour un coin perdu du Labrador, ça m’avait étonné au point où j’avais eu peur que mon appel n’ait été redirigé en Inde à mon insu pour y être victime d’une fraude téléphonique ! Finalement, je m’inquiétais évidemment pour rien haha ! On dira ce qu’on voudra, mais le Labrador est vraiment devenu une nouvelle terre d’accueil pour immigrants (d’ailleurs, la serveuse du matin au Mariner’s Galley était aussi d’origine indienne). Je me demande si les futurs arrivants sont bien au courant des réalités propres à cette région assez isolée du pays lorsqu’ils font leurs démarches pour venir au Canada ! Qu’est-ce que les recruteurs leur disent pour les convaincre de venir à Port Hope Simpson ???

Quoiqu’il en soit, Campbell’s Bed and Breakfast était très bien, pas cher, et le petit-déjeuner était inclus le lendemain. Que vouloir de plus ? On s’est endormis alors qu’une meute de loups hurlait à la lune au loin. Ou étaient-ce les ronflements de Marie-Pascale ? ;-)

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